Quel avenir pour le bénévolat en France ?
La nouvelle enquête de l'IFOP s'inscrit dans la continuité de l'enquête publiée en 2022, qui remarquait un net repli de la proportion de français s'investissant dans des missions bénévoles suite à la crise du Covid. Cette enquête de 2023 s'imposait notamment pour confirmer le retour progressif des bénévoles français vers les associations.
Réalisée en janvier 2023, un an exactement après celle de 2022, selon la même méthodologie et par le même institut, l’IFOP, elle révèle que 23% des Français sont bénévoles dans les associations. On se rapproche donc de la situation de 2019 (24%), derniers repères avant la crise sanitaire.
Cette même enquête 2023 confirme également plusieurs tendances observées bien avant la crise sanitaire et auxquelles les associations doivent s’adapter, avec bien des difficultés souvent. C’est donc à elles que s’adressent avant tout cette édition 2023. Elle est destinée à leur donner une image fidèle du profil des bénévoles aujourd’hui, parfois éloignée des idées reçues, et à attirer leur attention sur les mutations profondes qui traversent le bénévolat. Plus largement et, modestement, cette édition ouvre quelques pistes de réflexion et d’action pour accompagner ces changements.
Cette édition ouvre quelques pistes de réflexion et d’action pour accompagner ces changements.
Une recomposition du bénévolat :
- L’engagement croissant des moins de 35 ans et le repli continu des 65 ans et plus, au point qu’ils affichent désormais une proportion identique de 25% de bénévoles.
- Une proportion de bénévoles agissant chaque semaine qui ne retrouve pas son niveau de 2019 : 9% des Français, en 2023, pour 10% en 2019. Cette évolution est regrettable pour les associations car ces bénévoles les plus engagés les font vivre au quotidien et en constituent en quelque sorte leur « colonne vertébrale ».
Des préjugés à déconstruire :
- Contrairement aux idées reçues, les jeunes sont de plus en plus nombreux à s’engager et à le faire de
manière régulière, chaque semaine. - De même, les bénévoles qui interviennent ponctuellement méritent une réelle attention : un simple coup de mains peut leur mettre le pied à l’étrier ; ils sont nombreux à regretter leur manque de temps et à vouloir faire plus et mieux pour leur association.
Un point de vigilance :
- Une fracture associative toujours aussi marquée : moins de 20% de bénévoles en associations parmi les moins diplômés, près de 30% parmi les plus diplômés. Une situation regrettable pour les associations, pour les personnes elles-mêmes privées de cette source d’épanouissement et aussi pour la société en général.
Et surtout, une adaptation nécessaire pour les associations :
- à l’écoute des bénévoles pour faire se rencontrer les savoir-faire, les attentes et les contraintes de
chacun d’eux, avec les besoins de l’association. - Revoir l’organisation de l’association en conséquence : lister les rôles des bénévoles en place, identifier un ou deux bénévoles – ou salariés quand il y en a – en charge d’animer l’équipe, d’assurer le dialogue avec chacun, d’accueillir les nouveaux…
- Oser de nouvelles pratiques incitatives et rassurantes pour faciliter l’engagement : partage des responsabilités et des tâches par des binômes, y compris pour des fonctions de présidents et de membres des bureaux, tutorat et mentorat par des bénévoles plus anciens, télébénévolat en complément des actions en présentiel et des temps de convivialité, accueil de profils différents y compris pour des missions ponctuelles (étudiants, mécénat de compétences, adhérents, bénéficiaires ou encore donateurs…)…
- S’approprier et faire connaître les différents dispositifs de valorisation du bénévolat. Nous en avons identifié une dizaine dans l’enquête, seulement 3% des bénévoles en ont bénéficié, mais 14% souhaiteraient en bénéficier et 30% voudraient en savoir plus. Sans compter 34% des bénévoles dont certains, peut-être « à tort », se considèrent non concernés. Le besoin d’information sur le sujet est donc évident.