Rencontre nationale à Paris, des présidents des Udaf et Uraf et des directeurs des Udaf : allocution de la Présidente de l’Unaf

Le samedi 15 octobre 2022, l'Unaf a réuni, à Paris, les présidents des Udaf et Uraf et les directeurs des Udaf pour leur journée nationale. Retrouvez en ligne, l'allocution de la Présidente de l'Unaf, Marie-Andrée Blanc.

Chers amis,

C’est un plaisir de vous retrouver après notre Assemblée générale tenue à Rodez.

Comme pour toute rentrée, les dossiers sont nombreux, et le contexte sans cesse évolutif.

Un nouveau gouvernement a été mis en place à la suite des législatives.

Nous avons rencontré plusieurs Ministres : Jean-Christophe COMBE, en charge des solidarités et de l’autonomie, Charlotte CAUBEL, secrétaire d’Etat à l’enfance, Pape N’DIAYE, ministre de l’Education nationale, et prochainement nous serons reçus par Gabriel ATTAL en charge du budget.

A chaque fois, nous leur présentons nos missions, l’action de notre réseau des Udaf et Uraf, et nos plaidoyers.

Nous vous invitons à faire de même auprès de vos parlementaires et de vos préfets afin qu’ils mesurent le rôle de votre Union tant dans la représentation que dans le champ des services, et celui de vos associations membres. Il s’agit aussi de les sensibiliser sur nos propositions pour les familles.

Plus précisément, cette semaine, nous vous avons demandé de leur relayer nos propositions d’amendements sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale –  le PLFSS – pour 2023.

Votre action auprès d’eux est importante. En vous découvrant, ils perçoivent mieux la force et la cohésion de notre réseau pour défendre les intérêts des familles.

Le Conseil national de la refondation a été installé le 8 septembre par le président de la République.

Au nom de l’Unaf, j’ai été invitée à y participer, aux côtés d’une quarantaine de membres. Je me suis appuyée sur notre communiqué de presse publié la veille, en rappelant les sujets majeurs de préoccupation des familles :

Ce Conseil va se décliner dans les territoires autour de 5 chantiers thématiques :

Les modalités d’organisation seront différentes selon les thématiques, et nous les découvrons au fur et à mesure. :

Les Ministres cherchent des solutions locales. Il faut les sensibiliser aux réalités de terrain et au concret sur les besoins des familles et sur les difficultés des services.

Renseignez-vous auprès des préfectures pour participer, ainsi que vos associations familiales, aux débats prévus dans vos territoires. Il faut investir ces lieux de débats !

N’hésitez pas à vous appuyer sur notre document élaboré avec vous, suite aux législatives : « 50 propositions pour donner confiance aux familles ». Sur chaque thématique, vous y trouvez des propositions à relayer.

L’actualité politique du moment est la présentation des projets de loi de finances devant le parlement.

Pour résumer, nous pouvons dire :  il y a du bon … et du moins bon.

L’augmentation importante de l’Allocation de Soutien Familial, prestation ciblée sur les familles monoparentales, au 1er novembre est une bonne nouvelle. Mais n’oublions pas que d’autres parents ont besoin de soutien.

Le projet de loi prévoit de réformer le complément mode de garde – le CMG – qui est versé pour les parents utilisant les services d’assistantes maternelles, mais les mesures sont programmées pour 2025, et non pour l’an prochain.

Nous avons été entendus sur la prolongation du CMG pour les parents d’enfants de 6 à 11 ans. C’était dans notre document des présidentielles. Réservée pour l’instant pour les familles monoparentales, nous demandons son extension à d’autres situations : les parents en situation de handicap, les parents ayant des enfants handicapés et les familles nombreuses.

Nous sommes favorables à la réforme qui veut rapprocher les restes à charge quand on fait garder son enfant chez une assistante maternelle ou en crèche. Mais, dans le scénario projeté, si des familles sont gagnantes, bon nombre d’entre elles seraient aussi perdantes. Nous avons demandé au gouvernement de revoir les paramètres de cette réforme prévue dans deux ans.

Pour 2023, peu de mesures s’adressent aux aidants familiaux, alors que leurs attentes sont fortes. Nous demandons l’élargissement du « Congé proche aidant » à ceux qui accompagnent des proches atteints de maladie chronique, ou en situation de handicap à partir d’un taux d’invalidité de 50 %.

Le transfert de 2 milliards d’euros de charges, de la branche maladie vers la branche Famille, est regrettable car ce sont des moyens en moins pour faire face aux besoins de politique familiale :

Il faut que le gouvernement engage une véritable trajectoire d’amélioration de la conciliation vie familiale – vie professionnelle.

Sur la conciliation, 9 Uraf et presque 40 Udaf ont décidé de mener avec nous l’enquête du nouvel Observatoire des familles qui portera sur la conciliation. Les résultats obtenus vous permettront d’agir dans les comités départementaux des services aux familles, et en région. Vous pourrez mettre en évidence les attentes spécifiques des familles de vos territoires. Et pour nous, cette enquête sera un excellent levier pour poursuivre notre plaidoyer au niveau national.

Sur le pouvoir d’achat, nous plaidons pour une revalorisation des plafonds d’accès aux prestations familiales.

Ces plafonds conditionnent l’accès ou le montant des Prestations Familiales. Ils sont habituellement revalorisés au 1er janvier sur la base de l’inflation d’il y a 2 ans. Si l’on maintient cette règle d’indexation malgré la hausse actuelle de l’inflation, l’augmentation des revenus pourrait se traduire par des pertes de prestations familiales pour de nombreux parents. Nous demandons une anticipation de revalorisation, comme cela est prévu sur les tranches de l’Impôt sur le Revenu.

En matière de logement, les APL ont été revalorisées en juillet et un plafonnement de l’indice de révision des loyers a été adopté pour protéger les locataires de hausses supérieures à 3,5 %. Mais les charges pèsent plus lourd face à l’augmentation des prix de l’énergie et de l’inflation. Nous demandons une augmentation exceptionnelle du forfait charges pour les bénéficiaires des APL et un relèvement du chèque énergie « de base ».

Au-delà de cette actualité législative, plusieurs dossiers vont nous mobiliser dans les mois à venir.

Le Président de la République a réaffirmé cet objectif, ainsi que celui de réformer les retraites. La question de l’emploi est l’opportunité de faire avancer la conciliation.

Pour les retraites, nous serons très vigilants sur l’avenir des droits familiaux.

Sur ces deux points, nous avons demandé à rencontrer le ministre du travail, Olivier DUSSOPT.

Une convention citoyenne est organisée par le Conseil économique, social et environnemental et ses conclusions seront rendues en mars 2023. Elle se nourrira d’autres concertations menés parallèlement, en particulier avec les professionnels qui sont régulièrement confrontés à la fin de vie. Des groupes de travail sur la fin de vie ont été constitués par le cabinet de la ministre, Agnès FIRMIN LE BODO, auxquels l’Unaf devrait être associée.

Dans le même temps, des débats seront organisés dans les territoires. Pour y participer, vous devez vous rapprocher des Espaces de Réflexion Ethique Régionaux en charge de leur animation. Vous pourrez vous appuyer sur les documents constitués par l’Unaf et accessibles via REZO. Notre objectif est de contribuer à l’information des familles, à faciliter les remontées des différentes situations rencontrées et à clarifier les enjeux que sous-tend ce sujet.

La renégociation de la COG Etat – CNAF tous les 5 ans, est un enjeu important pour la politique familiale. Si le calendrier prévoit une signature au 2ème trimestre 2023, c’est maintenant que la réflexion doit avoir lieu.

Cette future COG devra contribuer à la mise en place d’un Service public de la petite enfance. En tant que co-rapportrice au CESE d’un rapport sur le sujet, j’ai à cœur que ce projet avance.

Le fonds d’action sociale engage pour 5 ans des financements pour les actions parentalité. Or, notre propre Convention pluriannuelle d’objectifs contient un axe fort d’actions diversifiées sur le soutien à la parentalité. Nous travaillons avec la CNAF pour que la cartographie des actions des Udaf en matière de parentalité puisse être présentée au réseau des CAF. L’objectif est de vous identifier comme un réseau majeur de soutien à la parentalité, et de vous aider à trouver un appui notamment dans le cadre des schémas départementaux des services aux familles.

Ces schémas ont fait l’objet d’une circulaire du ministère des Solidarités, publiée le 21 juillet dernier. Elle définit les modalités de mise en œuvre des comités en donnant des précisions sur leur composition et leurs missions. Elle précise le calendrier et les orientations pour l’élaboration des Schémas qui doivent être finalisés au 31 décembre 2022. Des informations très complètes vous ont été apportées : il est essentiel que vous vous impliquiez dans ces instances.

A l’égard des CAF, nous avons aussi des attentes quant à la qualité de service apportée, notamment auprès des publics vulnérables que nous accompagnons.

Voilà autant de raisons pour contribuer à la réflexion sur cette future COG. Dans cette optique, une journée nationale CAF est organisée le 19 novembre prochain pour présenter et discuter les propositions de notre réseau.

Une délégation aux droits des enfants, présidée par la députée Perrine GOULET, vient d’être créée au sein de l’Assemblée nationale. Nous y voyons là un espace d’intervention nouveau, pour mobiliser sur des dossiers qui nous préoccupent.

Il en va ainsi de l’administration ad hoc sur mineurs sur laquelle nous avons alerté récemment, le Cabinet du Garde des Sceaux, ainsi que la secrétaire d’Etat à l’enfance, à l’aide des données remontées par les Udaf.

Il en va aussi de la lutte que nous menons contre l’accès des mineurs aux sites pornographiques. A la suite de notre saisine avec l’association Open et Cofrade, le CSA (devenu l’ARCOM) a engagé une procédure judiciaire pour bloquer l’accès à ces sites. En août dernier, nous avons à nouveau saisi l’Arcom concernant Twitter afin, là encore, de protéger les mineurs.  

Après déjà 2 ans de procédure, nous déplorons qu’aucune décision visant à protéger les enfants et à faire respecter la Loi, n’ait été encore rendue. Défendre les enfants mériterait pourtant que des mesures conservatoires soient prises pour contraindre les plateformes à se mettre en conformité avec la loi. Nous continuerons à agir dans ce sens avec nos partenaires.

J’évoquais à l’instant la concertation engagée par le gouvernement. Les familles sont les premières concernées par la perte d’autonomie. Rappelons que les solidarités familiales ne sont pas qu’une option : l’article 205 du Code civil énonce que les enfants doivent assistance et secours à leurs parents.

Plus de la moitié des aidants sont les enfants de la personne et plus du quart sont le conjoint. Le « virage domiciliaire » annoncée par les pouvoirs publics correspond à un souhait majoritaire des personnes qui veulent rester chez elles, mais il mobilise bien plus les aidants familiaux qu’une prise en charge institutionnelle.

Pour toutes ces raisons, les familles doivent avoir une place de choix dans les réflexions, tant au niveau national que dans les territoires.

Nous avons obtenu d’intégrer le conseil de la CNSA – devenu conseil de la 5ème branche – qui joue un rôle essentiel dans ce domaine. Nous avons noué avec elle un partenariat autour d’une forme originale de médiation.

Je remercie vivement son Président Jean-René LECERF, et sa directrice générale, Virginie MAGNANT, d’avoir accepté d’intervenir ce matin, signe de l’intérêt qu’ils portent à notre Institution.

La perte d’autonomie, le handicap, le vieillissement : nous connaissons bien ces situations au travers des services gérés par notre réseau, parmi lesquels la protection juridique des majeurs – la PJM –  et le soutien aux tuteurs familiaux.

Le projet de loi de finances acte la revalorisation de 183 euros net pour les mandataires et les cadres, et il pérennise les 200 postes accordés aux services en 2022 suite à notre action avec l’Interfédération PJM. En revanche, l’effet « prix » est notoirement insuffisant alors que l’inflation touche tous les postes de dépense. Nous plaidons pour une revalorisation du budget qui doit anticiper ces besoins, et continuons de demander davantage de moyens par la création de postes supplémentaires dans les services. 

Parler de la PJM m’amène à évoquer les difficultés liées aux questions RH pour notre réseau, qui débordent largement désormais cette activité.

Tout comme l’ensemble du secteur des ESMS, et même plus largement le monde du travail, nous souffrons de pénurie de professionnels. Par leur approche segmentée et parfois peu cohérente, les revalorisations salariales issues du Ségur 2 pèsent sur la motivation de nombreux professionnels, sur le climat social. Nous demandons l’extension et son financement pour des activités telles que les PCB, la médiation familiale, et les espaces rencontre. Et pourtant les pouvoirs publics souhaitent investir fortement sur ces services. Les difficultés rencontrées dans le secteur de la petite enfance nous préoccupent également fortement.

Pour les dispositifs financés par les départements, ces derniers ne veulent pas toujours compenser les hausses de salaires, et leurs pratiques sont hétérogènes.

Cette problématique n’est pas qu’interne à notre réseau. Elle constitue un risque majeur sur les politiques publiques et sur les services apportés aux familles et aux personnes vulnérables. D’où l’implication de l’Unaf sur ces sujets.

En interne, nous poursuivons la mise en oeuvre de notre plan stratégique commun à l’ensemble du réseau voté en juin 2021.

Notre Convention d’objectifs passée avec l’Etat constitue un des leviers de cette stratégie en affichant, par-delà la diversité naturelle des actions menées en fonction des territoires, des priorités communes comme : la parentalité, le soutien aux aidants, l’accompagnement budgétaire ou l’habitat inclusif.

Tout ce travail mené ensemble, est destiné à renforcer notre cohésion de réseau, et nos actions mutualisées.

Le comité de pilotage du plan stratégique se réunira en novembre pour finaliser la feuille de route sur le recrutement des bénévoles. C’est la raison pour laquelle les ateliers de cet après-midi porteront sur ce sujet vital pour notre réseau.

Le recrutement de bénévoles passe par le développement associatif.

C’est par ce point que je terminerai.

La mise en œuvre de notre plan national de développement associatif se poursuit. A la suite du renouvellement du bureau de l’Unaf, François GUILLAUME, nouveau secrétaire général de l’Unaf, a repris le flambeau et pilote ce dossier avec le Comité national de développement associatif (le CNDA).

Les travaux du CNDA composés de bénévoles et de collaborateurs du réseau, avancent sur deux objectifs :

1°) Renforcer et promouvoir les ressources humaines dédiées au développement associatif, en proposant, entre autres, des modèles de fiches de postes salariés et des fiches de missions bénévoles pour les référents développement associatif du réseau des Udaf.

2°) construire un kit de développement associatif destiné aux Udaf, recensant les outils et les bonnes pratiques pour prospecter, animer, accueillir et réactiver.

En 2023, le CNDA ira à la rencontre des référents développement associatif en régions. Il s’agit de renforcer l’animation du réseau, en complément des « matinées du développement associatif », ces webinaires qui rencontrent un beau succès. Vous avez été nombreux à vous connecter le 6 octobre dernier pour participer au thème « Quels réseaux sociaux pour favoriser le développement associatif ? ».

De manière générale, je vous encourage à participer à tous les temps d’informations et d’échanges organisés par l’Unaf qui contribuent au développement de notre réseau.

Je vous remercie.